Les implants orthopédiques s’externalisent !

Santé & Beauté | 2 juillet 2019

pme santé

(extrait de la newsletter #1 : le secteur à la loupe)

En plein boom, le secteur de la fabrication d’implants et instruments orthopédiques (CMO) se concentre. La croissance et le dynamisme du marché des implants orthopédiques reposent sur les fondamentaux de l’augmentation de l’espérance de vie des populations et de l’importance des questions de mobilité pour les seniors. « Dans les pays industrialisés, les sécurités sociales continuent de dépenser beaucoup pour une opération d’implants de hanche, de genou ou de la colonne vertébrale » constate Ali Madani, fondateur d’Avicenne (conseil en stratégie spécialisé dans le secteur).

L’orthopédie devrait connaître une croissance annuelle de 4,4% jusqu’en 2020. « La croissance des laboratoires
orthopédiques (OEM) va de 3% sur les segments les plus matures de la hanche et du genou jusqu’à près de 10% pour les extrémités» estime Jean-Marc Scéo, président d’Ekkio Capital. L’externalisation de leur production par
les OEM accélère la croissance des CMO (+6 à 7%). Cette tendance à l’externalisation de la production (jusqu’à 70%) par les principaux acteurs – parmi eux, DePuy, Stryker ou Zimmer Biomet – a transformé les sous-traitants en maillons essentiels du secteur.

«Le marché de l’orthopédie suit le même schéma que celui de la pharmacie, avec un recentrage des OEM sur la conception, l’enregistrement et la commercialisation. Les CMO centrés sur la fabrication en profitent», explique Jean-Marc Scéo. Ce mouvement d’externalisation se heurte toutefois à un manque de structuration de la sous-traitance industrielle. En effet, peu d’acteurs affichent la taille critique nécessaire pour répondre à la demande des majors de l’orthopédie. Pour preuve, le chiffre d’affaire moyen des 15 premiers sous-traitants s’élève à 150 millions de dollars quand un OEM majeur enregistre 10 milliards de dollars et en dépense 30% pour la production. Fragmenté, le marché des CMO présente des opportunités de consolidation.

«La véritable problématique, aujourd’hui, est de trouver une offre sécurisante pour les donneurs d’ordre et des CMO capables de produire en respectant leurs standards de qualité et en maîtrisant leur cadre réglementaire.», indique le président d’Ekkio. Ce dernier estime que le mouvement de concentration des OEM vers un nombre réduit de sous-traitants, amorcé depuis une dizaine d’années, devrait s’amplifier. Il observe, également, l’arrivée de nouveaux grands acteurs issus des industries aéronautiques et automobiles, attirés par les marges et la visibilité sur les volumes qu’offre le marché des implants orthopédiques.

Une opportunité pour les PME françaises !
La France a, aujourd’hui, une carte à jouer. Trois sociétés françaises figurent dans le top 10 mondial des CMO : Marle, Lisi Medical et Intech Medical et enregistrent chacune autour de 100 millions d’euros de revenus, dont la majeure partie est réalisée à l’export. Et pour cause : le secteur est américo-centrique. Avec 330 millions d’habitants, les USA représentent plus de 60% du marché mondial de l’orthopédie.

« Pour percer dans ce domaine, les PME françaises doivent s’adapter, d’abord en s’orientant vers l’export et notamment vers les USA et ensuite, en tenant compte de la notion de taille critique requise par les grands donneurs d’ordre et de la concentration du marché des CMO » recommande Ali Madani.

Les laboratoires américains veulent s’adresser à des acteurs positionnés sur toute la chaîne de valeur, sans avoir à multiplier les sous-traitants. En outre, les réglementations draconiennes imposées par ces majors – audits, tests cliniques, contrôles de produits – nécessitent, de la part des acteurs français, une parfaite maîtrise de la langue, des usages et de la culture d’entreprise de ces donneurs d’ordre. «Pour les petites entreprises, des logiques de fusion-acquisition vont se mettre en place», ajoute Ali Madani. Preuve que le secteur, en pleine mutation, affiche de belles perspectives pour les entreprises, comme pour les investisseurs.